LES RAMEURS

C'est un groupe de rameurs, pas très expérimentés, qui descendent la rivière, chacun dans un canot. Ils savent qu'au bout, tout au bout, il y a les rapides, et que ce passage sera dangereux. Ils ont le temps, mais ils savent que ça viendra.

Certains rameurs vont alors commencer à se faire du souci: "Est-ce que je vais y arriver? ", et durant toute l'approche des rapides, vont être plus présents à leurs inquiétudes qu'à leur façon de ramer. Ils vont paniquer et se dire, au moindre mouvement du canot qu'ils sont déjà dans la tourmente. Ils anticipent, paniquent et ne réalisent pas qu'ils sont encore loin du danger. La peur les paralysent, ils arrêtent de ramer et se laissent emporter. C'est le canot qui dirige.



Certains autres, plus tournés vers le passé, vont songer à ce qui les a pris, le matin même, de choisir ce moyen de transport et vont repasser, dans leur tête, tous les événements, depuis leur enfance, qui ont fait qu'ils se retrouvent, ce jour-là, à courrir un tel danger:"Idiot que je suis! J'aurais dû faire ceci! Je n'aurais pas dû faire cela!" Ce qu'ils ne réalisent pas, pendant qu'ils se laissaient prendre par l'illusion de pouvoir arrêter le cours des flots en gambergeant, c'est qu'ils sont déjà arrivés aux rapides et qu'ils se sont laissés surprendre. Le canot chavire. C'est leurs pensées qui les ont dominés.



D'autres, les moins nombreux, vont se centrer sur le présent: "En attendant les rapides, je vais déjà apprendre à mieux ramer!". Ils mettent alors toute leur attention dans chaque coup de rame, ressentent la résistence de l'eau, comprennent les courants et apprennent. Ils négocient le danger et passent, sans encombre, les rapides. Ce sont eux qui maîtrisent et le canot, et les événements.





Nous anticipons les dangers à venir en fonction de ce que nous sommes maintenant. Notre capacité à affronter la vie et à la traverser dépend de notre "marche d'approche". On peut même dire que ce que certains appelleraient "la chance" dépend de notre façon de vivre l'instant.
La vie ne nous aide à changer que si nous l'habitons pleinement, et non si nous la désertons, par l'anticipation ou la rumination. Ce qui nous arrive dépend de ce que nous sommes.


Je sais, c'est plus facile à dire qu'à pratiquer. Mais le dire et y penser, puis l'essayer au quotidien, face à des tous petits rapides, c'est une bonne première étape, non?




Inspiré de Albert Ellis






Publié par Fleurs de Bach et Sahaja Yoga

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